Les chiffres ne mentent pas, mais ils n’expliquent jamais tout. Chez les plus de 65 ans, un indice de masse corporelle situé entre 24 et 29 peut être jugé favorable, alors que ces valeurs seraient considérées comme un surpoids à un âge plus jeune. Les recommandations officielles ne coïncident pas toujours avec les repères habituels retenus pour la population générale.
La prise en compte du vieillissement impose une adaptation des seuils et une vigilance accrue face à la perte de poids involontaire. La stabilité du poids devient un indicateur aussi important que la valeur elle-même.
Pourquoi l’IMC ne se lit pas de la même façon après 65 ans
L’indice de masse corporelle (IMC) a longtemps été la référence pour jauger la corpulence normale chez l’adulte. Pourtant, passé le cap des 65 ans, tout change. Les classifications classiques de l’IMC, encore présentes dans bien des esprits, ne reflètent plus la réalité clinique des seniors. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne l’ignore pas : en prenant de l’âge, la silhouette mute. La masse musculaire s’amenuise, la masse grasse progresse, et ce, même si la balance reste stable.
Face à ces transformations, les seuils d’IMC pour les seniors évoluent. Là où un adulte jeune viserait la fourchette 18,5 à 25, une personne âgée se situe généralement entre 24 et 29 pour un bon équilibre. Ce seuil, validé par diverses sociétés savantes, protège contre le déficit protéino-énergétique et permet d’anticiper la dénutrition.
Plusieurs éléments expliquent ce déplacement des repères. Voici les principaux à garder en tête :
- La fonte progressive de la masse maigre (muscles, organes) au fil des années
- L’augmentation relative de la masse adipeuse, même lorsque le poids ne bouge pas
- Les effets de maladies chroniques ou de traitements sur la composition corporelle
Autrement dit, lire l’IMC chez une personne âgée ne se résume jamais à un chiffre isolé. Il faut prendre du recul, considérer le contexte médical, les antécédents, et surtout l’historique des variations pondérales. Les médecins se servent de l’IMC chez les seniors comme d’un indicateur d’alerte, pas comme d’un couperet. Une chute rapide du poids, même si l’IMC reste “dans les clous”, doit toujours déclencher une vigilance particulière pour dépister une dénutrition ou une maladie cachée.
Comment calculer et interpréter l’IMC chez une personne âgée
Pour évaluer la corpulence normale chez un senior, le réflexe reste de passer par le calcul de l’IMC. La méthode est simple : diviser le poids (en kilos) par la taille au carré (en mètres). Par exemple, une personne de 70 kg mesurant 1,60 m atteint un indice de masse corporelle de 27,3 kg/m². Mais là encore, l’interprétation n’a rien à voir avec celle d’un adulte plus jeune.
Chez la personne âgée, la zone de confort se situe entre 24 et 29 kg/m². Ce seuil, désormais reconnu comme protecteur, est bien supérieur à celui du surpoids chez les plus jeunes. Ce glissement de repère traduit un objectif clair : garantir une masse corporelle suffisante pour limiter le risque de dénutrition et préserver la masse musculaire.
Pour aller plus loin, d’autres paramètres sont pris en compte lors de l’évaluation. Voici ceux qui font la différence :
- Tour de taille : un tour de taille élevé révèle un risque métabolique accru, même si l’IMC paraît correct.
- Mesure des plis cutanés : cette technique affine l’estimation de la masse graisseuse, précieuse chez le senior.
- Variation pondérale récente : une baisse de 5 % du poids en un mois est un signal à ne jamais négliger, quelle que soit la valeur de l’IMC.
L’IMC chez les seniors ne s’enferme donc pas dans une grille rigide. L’examen clinique, l’analyse du parcours médical et une surveillance attentive du poids s’imposent pour repérer toute dérive vers la dénutrition ou l’excès de graisse abdominale.
Quels risques pour la santé en cas d’IMC trop bas ou trop élevé chez les seniors ?
Un IMC trop faible chez une personne âgée n’est jamais anodin. Dès que l’indice passe sous les 21 kg/m², la dénutrition guette. Les conséquences sont bien connues : la masse musculaire s’effondre, la force s’étiole, la mobilité diminue. Le risque de chute grimpe, les infections se multiplient, les séjours hospitaliers s’allongent. Sans réserves, l’organisme se défend moins bien et récupère difficilement.
À l’opposé, un IMC supérieur à 30 kg/m², seuil de l’obésité, ouvre la porte à d’autres complications. Trop de masse grasse abdominale expose au syndrome métabolique : diabète de type 2, hypertension, pathologies cardiovasculaires. Les articulations, déjà fragilisées par le temps, supportent mal cette surcharge, la mobilité en pâtit. Un phénomène particulier guette certains : l’obésité sarcopénique, où la fonte musculaire côtoie l’excès de graisse, ce qui complique la prise en charge et aggrave les risques.
Dans la réalité, toute variation rapide du poids, qu’il s’agisse d’une perte involontaire ou d’une prise soudaine, doit interpeller. Le défi est de conserver une corpulence normale adaptée à l’âge, loin des standards fixés pour les plus jeunes. Un suivi régulier, couplé à une évaluation nutritionnelle complète, reste la meilleure arme pour prévenir les dérives.
Suivi du poids et conseils pratiques pour bien vieillir
La régularité dans le suivi du poids se révèle précieuse lorsqu’on avance en âge. Une pesée chaque semaine, idéalement à la même heure, suffit à repérer une évolution inhabituelle. Si le poids varie de plus de 2 kg sur un mois, il est temps de consulter. Compléter ce suivi par la mesure du tour de taille donne une information clé sur la répartition de la masse grasse, facteur majeur du risque métabolique.
Voici quelques repères à appliquer pour maintenir une corpulence normale après 65 ans :
- Favorisez une alimentation diversifiée et équilibrée, en veillant à l’apport de protéines (viandes maigres, poissons, œufs, produits laitiers) pour soutenir la masse musculaire.
- Intégrez une activité physique adaptée à votre quotidien : marche, natation, gymnastique douce… autant d’alliés pour prévenir la perte musculaire et renforcer l’équilibre.
- Prenez en compte les traitements médicamenteux susceptibles d’influencer le métabolisme ou l’appétit (antidépresseurs, diurétiques, corticoïdes…)
- Maintenez une hydratation suffisante, même sans avoir soif : la déshydratation accentue le risque de dénutrition.
La relation avec le médecin traitant mérite d’être entretenue, pour ajuster régulièrement le bilan nutritionnel et adapter, si besoin, les apports. Ici, la minceur n’est plus l’objectif : c’est l’équilibre qui prime. Un poids stable, synonyme de vitalité et d’autonomie, reste le meilleur allié pour traverser les années sans perdre pied.


