Les 6 principales causes du cancer et leurs mécanismes déclencheurs

Sur 100 nouveaux diagnostics de cancer, près de 40 pourraient être évités en agissant sur certains facteurs identifiés par l’OMS. Les erreurs dans la réplication de l’ADN ne suffisent pas à expliquer la majorité des cas, contrairement à une idée répandue.

Les recherches récentes pointent une combinaison propre à chaque individu : exposition prolongée à des substances, mutations génétiques spécifiques, réactions inflammatoires chroniques, modes de vie. Les mécanismes en jeu varient, mais certains restent modifiables, offrant des leviers concrets pour réduire le risque à grande échelle.

Comprendre pourquoi le cancer se développe : panorama des causes majeures

Le cancer apparaît quand des cellules se libèrent du contrôle habituel du corps et se multiplient sans relâche. En France, la hausse continue du nombre de cancers diagnostiqués frappe, malgré les progrès de la détection et des traitements. Selon l’Inserm, six grandes familles de facteurs de risque façonnent l’épidémie, leur impact variant selon la localisation de la tumeur.

Voici les principaux facteurs identifiés :

  • Tabac : il reste la première cause évitable, à l’origine d’environ un tiers des décès liés au cancer. Poumon, vessie et pancréas figurent parmi les organes les plus menacés.
  • Alcool : il favorise l’apparition de cancers du foie, de la bouche, du pharynx et du col de l’utérus.
  • Alimentation déséquilibrée : le manque de fruits et de légumes dans l’assiette accroît le risque de cancer colorectal.
  • Agents infectieux : le virus du papillome humain (HPV) agit dans le cancer du col de l’utérus, tandis qu’Helicobacter pylori augmente les cas de cancer de l’estomac.
  • Facteurs professionnels et environnementaux : amiante, hydrocarbures, pesticides comme la chlordécone aux Antilles, autant de substances incriminées.
  • Prédispositions génétiques : certaines mutations héréditaires, rares mais redoutables, rendent la prolifération des cellules tumorales plus probable.

Chaque cause suit son propre scénario, mais toutes aboutissent à la même dérive : une cellule saine finit par devenir cancéreuse. L’Institut Curie, à Paris, insiste sur l’importance de ne pas isoler ces facteurs, mais de saisir comment ils s’entremêlent et modèlent l’évolution des tumeurs en France et en Europe.

Quels sont les mécanismes déclencheurs derrière les principaux facteurs de risque ?

Quand on scrute les mécanismes moléculaires qui mènent au cancer, le décor se précise. Tout commence ou presque par des mutations sur l’ADN des cellules. Tabac, alcool, substances toxiques : ces agents provoquent des dommages qui déréglent la croissance et la division des cellules. Des chercheurs comme Bert Vogelstein ou Douglas Hanahan ont mis en évidence le rôle central de certains gènes suppresseurs de tumeur (APC, KRAS…). Dès qu’un de ces gardiens du génome faiblit, la machine s’emballe.

Les infections, telles que le papillomavirus ou Helicobacter pylori, empruntent d’autres voies. Elles déclenchent des inflammations chroniques, insèrent leur propre matériel génétique dans nos cellules, ou perturbent les gènes de réparation de l’ADN. À cela s’ajoute la reprogrammation épigénétique : l’expression des gènes se modifie, sans toucher à la séquence ADN elle-même.

Au fil des années, ces agressions minent la capacité des cellules cancéreuses à se défendre contre le système immunitaire, à créer de nouveaux vaisseaux sanguins et à migrer vers d’autres tissus. La progression du cancer s’organise autour d’une succession d’anomalies, chaque étape rapprochant de la maladie déclarée. Les travaux de Christian Tomasetti et de l’université de Southampton éclairent le rôle des cellules souches dans ce processus, expliquant la diversité observée parmi les différents types de cancer.

Prévention : des gestes concrets pour réduire son exposition au cancer

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 40 % des cancers pourraient être évités en modifiant certaines habitudes. Tabac, alcool, alimentation, exposition solaire, agents infectieux… chaque facteur réclame une stratégie adaptée. L’activité physique régulière s’impose comme une alliée de poids. Prendre le temps de marcher chaque jour, de pédaler ou de pratiquer un sport adapté à ses possibilités : autant d’actions qui, selon l’Inserm, abaissent la fréquence de plusieurs cancers, dont ceux du côlon, du sein et de l’endomètre.

L’alimentation influence aussi la balance. Varier les saveurs : fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes. Les fibres jouent un rôle protecteur, tandis que la réduction des produits ultra-transformés et des viandes rouges ou charcuteries aide à limiter le cancer colorectal. Quant à l’alcool, même une consommation modérée augmente la fréquence des mutations néfastes.

Protéger sa peau du soleil, en particulier pour les enfants et adolescents, reste une priorité. Mieux vaut éviter les expositions quand les rayons sont les plus forts, privilégier les vêtements couvrants et porter des lunettes adaptées. Les campagnes de vaccination contre certains virus, comme le papillomavirus humain, ont déjà permis de freiner la progression du cancer du col de l’utérus. Le dépistage organisé pour le sein, le côlon ou le col de l’utérus, proposé à grande échelle en France, permet d’agir tôt, parfois avant même l’apparition de tout symptôme.

Face à la montée constante des diagnostics, la prévention ne relève pas du détail, mais d’une dynamique collective. Agir sur ce qui peut l’être aujourd’hui, c’est offrir à chacun une chance supplémentaire d’échapper à la fatalité du cancer demain. La science progresse, les comportements évoluent : la trajectoire du cancer ne s’écrit jamais à l’avance.