Pays avec le taux de consanguinité le plus élevé

Dans certaines régions, le mariage entre cousins germains représente jusqu’à 60 % des unions enregistrées. L’Organisation mondiale de la santé estime que 10,4 % de la population mondiale vit dans des communautés où la consanguinité est la norme sociale. Au Pakistan, plus de la moitié des mariages relèvent de liens familiaux proches, un taux parmi les plus élevés au monde.

Les conséquences sur la santé publique sont majeures : augmentation des maladies génétiques, mortalité infantile accrue et lourde charge sur les systèmes médicaux nationaux. La Tunisie, par exemple, voit une prévalence notable de maladies héréditaires, directement liée à ces pratiques.

Comprendre la consanguinité : définitions, formes et réalités mondiales

La consanguinité correspond à l’union ou à la reproduction entre des personnes ayant des liens familiaux proches. En génétique humaine, on évoque un mariage consanguin dès lors que les deux conjoints partagent au moins un ancêtre commun récent, souvent jusqu’au degré de cousins germains. Pour estimer ce phénomène, les chercheurs utilisent le coefficient de consanguinité, qui mesure la probabilité que deux allèles chez un individu proviennent d’un même ancêtre.

Selon le degré de parenté, les unions consanguines prennent plusieurs formes, que l’on retrouve dans différentes sociétés :

  • mariage entre cousins germains, très courant dans certaines régions du monde
  • unions entre oncles et nièces, ou entre tantes et neveux
  • mariages entre parents plus éloignés, mais appartenant à la même lignée familiale

La fréquence de la consanguinité varie énormément d’une culture à l’autre. Dans de nombreux pays d’Afrique du Nord, d’Asie du Sud ou du Moyen-Orient, les mariages consanguins sont ancrés dans la société. Opter pour un mariage entre cousins répond à des logiques de cohésion familiale, de préservation des biens et, parfois, de sécurité économique. À l’échelle mondiale, le taux de consanguinité oscille entre moins de 1 % dans la plupart des pays occidentaux, et dépassant 50 % dans certains territoires pakistanais ou tunisiens.

Les conséquences génétiques de la consanguinité sont bien documentées : elle accroît le risque de voir apparaître des maladies autosomiques récessives, facilite la transmission de maladies génétiques rares, et expose aussi à des troubles multifactoriaux. Pour surveiller ce phénomène, les spécialistes étudient la consanguinité population et analysent la répartition des différents degrés de cousins parmi les couples concernés.

Quels pays sont les plus concernés et pourquoi ? Focus sur la Tunisie, le Pakistan et d’autres régions à risque

Le Pakistan occupe la première place sur la scène mondiale en matière de consanguinité. Plusieurs études, publiées notamment dans l’American Journal of Human Genetics, révèlent que plus de la moitié des unions sont des mariages entre cousins germains. Ici, la tradition prévaut : ce type d’union est perçu comme un moyen de renforcer les liens familiaux et de conserver le patrimoine. Conséquence directe : la population présente une fréquence élevée de maladies autosomiques récessives et de troubles génétiques rares.

En Tunisie, le taux de mariages consanguins varie entre 20 et 30 %, avec certaines régions qui dépassent allègrement les 40 %. Les chiffres recueillis par le département de génétique médicale de Tunis, et notamment les travaux de Khadmaoui Soulaymani Chafik (2021), mettent en lumière le maintien de ces pratiques, issues de traditions rurales et familiales. Les départements de génétique médicale du pays constatent une proportion élevée de maladies héréditaires, conséquence directe de cette endogamie.

La dynamique est similaire dans d’autres pays d’Afrique du Nord comme le Maroc, l’Égypte ou la Mauritanie, où la consanguinité touche entre 15 et 25 % des unions. Au Qatar, ce phénomène reste courant, porté par des choix politiques et des solidarités de clan. Les mariages cousins germains sont ici un canal privilégié pour la transmission de certaines maladies génétiques, comme l’illustrent les analyses publiées dans le Journal Medical Genetics ou le Journal Biosocial Science.

Avant de poursuivre, il convient de rappeler les principales raisons qui expliquent la persistance de la consanguinité dans ces régions :

  • Pression sociale et familiale forte sur les choix matrimoniaux
  • Manque d’accès à l’information ou à la prévention autour des risques génétiques
  • Valeurs liées à la protection du patrimoine, à la cohésion du groupe et à la stabilité économique

Ces pratiques façonnent le profil génétique de millions de personnes, tout en posant de véritables défis pour les systèmes de santé et pour l’accompagnement des familles concernées.

Moment complice entre deux frères sur le porche en journée

Conséquences sur la santé génétique : entre risques accrus et défis pour les sociétés

Le recours aux mariages consanguins entraîne une hausse marquée du risque de maladies autosomiques récessives. Quand deux personnes partagent une fraction non négligeable de leur patrimoine génétique, la probabilité de transmettre un même gène défectueux augmente considérablement. Conséquence : des maladies rares, parfois sévères, surviennent plus fréquemment chez leurs enfants.

Dans les populations exposées à un taux de consanguinité élevé, les médecins constatent une récurrence plus importante de la thalassémie, de la mucoviscidose ou d’autres désordres métaboliques héréditaires. Le département de génétique médicale de Tunis observe que l’incidence de certaines maladies y est deux à trois fois plus élevée que dans les populations favorisant les unions hors famille. Au Pakistan et au Maghreb, les registres hospitaliers révèlent la même tendance, avec une surreprésentation nette des maladies génétiques autosomiques.

Défis pour les sociétés concernées

Voici quelques-uns des grands défis auxquels ces sociétés sont confrontées :

  • Une pression croissante sur les systèmes de santé, contraints de gérer des maladies chroniques, souvent coûteuses
  • Le développement progressif des tests génétiques avant mariage, encore entravé par des obstacles culturels et économiques
  • Des familles parfois confrontées à la stigmatisation sociale, qui peut conduire à l’isolement des personnes touchées

Ce phénomène dépasse largement la sphère individuelle. Il affecte la structure sociale, l’accès aux soins et la capacité des États à faire face à la demande grandissante de traitements pour les maladies héréditaires. Les sociétés concernées avancent sur une ligne de crête : préserver les traditions ou protéger la santé génétique de leur population ? La réponse, elle, reste suspendue entre héritage et mutation du lien familial.